SUBTITLES:
Subtitles prepared by human
00:01
Les Studios MOSFILM
de Moscou
Nathalia BONDARTCHOUK
Donatas BANIONIS
Iouri IARVETT
Vladislav DVORJETSKI
Nikolaï GRIGNKO
Anatoli SOLONITSYNE
Dans le film
SOLARIS
D'après le roman de science-fiction
de Stanislav Lem
Scénario - F.HORENSTEIN
et A.TARKOVSKI
Réalisation
Andréï TARKOVSKI
Directeur de la photographie
Vadim IOUSSOV
Décors
Mikhaïl ROMADINE
Musique d'Edouard ARTIEMIEV
Ingénieur du son - Sémion LITVINOV
SOLARIS
PREMIERE PARTIE
Kris, tu viens?
Tu tombes à pic!
Tous les matins il fait son tour,
pas moins d'une heure.
Je lui ai interdit de revenir avant.
Il a eu un travail impossible,
il y passait ses nuits...
07:00
Cette sacrée solaristique!
Comme un expert comptable qui
planche sur son bilan de fin d'année.
On t'attendais dès hier, nous.
Il a tenté de s'éclipser
quand il m'a aperçu.
Bonjour.
Bonjour, toi.
J'ai peut-être tort de venir
vous déranger aujourd'hui?
Comme nous avons tous vieilli!
Je m'en rends seulement compte.
Qu'as-tu à t'excuser?
Tout va dépendre des nouvelles
qu'il nous expédiera de la station.
Ce que nous recevons de l'équipage
est totalement incompréhensible.
Si Kris constate qu'il est devenu
impossible de poursuivre le travail,
la station pourrait bien être
retirée de l'orbite de Solaris.
Je le conçois.
Tu as promis de lui parler.
J'apporte la cassette.
Oui, bien sûr.
Ça ne te ferait rien si le petit
restait ici quelques jours?
J'ai beaucoup à faire, il n'y a
personne avec qui le laisser.
Mais, oui. Anna s'en occupera.
Maintenant qu'elle sera plus libre.
Quand part-il?
Demain matin il sera déjà loin.
08:44
Comme c'est bien ici!
Cette maison est la copie exacte
de celle de mon défunt grand-père.
Comme j'avais beaucoup d'affection
pour lui, nous avons voulu la même.
Je n'aime guère les innovations.
Bon, je vous quitte.
J'ai encore un tas
de choses à faire.
Comment, tu ne restes pas?
Je ne sais plus combien
de fois j'ai déjà vu ce film...
21 jours après la mise
sur orbite de l'expédition,
le radiobiologiste Vichniakov
et le physicien Fechner ont fait
une première sortie de reconnaissance
au-dessus de l'Océan de Solaris.
Ne les voyant pas rentrer,
nous avons donné l'alerte.
Mais les recherches ont vite dû être
interrompues à cause du brouillard.
Tous les engins de sauvetage
ont regagné la station,
à l'exception de l'hélico
que pilotait Burton.
Il est rentré très tard,
après que la nuit se fût faite.
Sous le coup d'une
commotion nerveuse
se traduisant par une
vive agitation.
Pour un astronaute
qui volait depuis 11 ans
la chose avait
de quoi surprendre.
Burton n'a pas été long à retrouver
la norme, mais n'a plus quitté la station
11:31
et on l'a vu éviter d'approcher
les regards par où paraissait l'Océan.
Encore en clinique, il a annoncé
qu'il avait une communication à faire,
de la plus haute importance,
et selon lui décisive pour
l'avenir des études solaristiques.
Mais qu'il nous dise ça lui-même.
Je crois que c'est le moment
de passer la parole à Burton.
Quand je me suis retrouvé à 300 m
je n'ai pas pu
maintenir mon altitude.
L'appareil entrait dans
une zone de turbulence.
Toute mon attention
allant aux commandes,
pendant quelques secondes je fus
sans surveiller les approches.
Et je me suis retrouvé
dans la purée.
Etait-ce un brouillard ordinaire?
Ce n'était pas
un brouillard ordinaire,
une espèce d'émulsion gluante
qui s'est immédiatement
plaquée aux vitres.
Et du fait de sa résistance,
j'ai commencé à perdre
de l'altitude.
Plus de soleil
mais un halo rougeâtre permettait
d'en deviner l'emplacement.
Après une demi-heure de vol à l'estime
j'ai débouché sur un espace découvert.
Une circonférence
de quelques centaines de mètres.
13:05
Et là, j'ai tout de suite noté
du changement en bas, sur l'Océan.
Les vagues avaient disparu,
la surface était
presque translucide.
Une sorte de limon jaune
paraissait au-dessous.
Aux endroits où il remontait,
ça luisait comme du verre.
Puis je l'ai vu bouillonner, écumer
et durcir assez vite.
Ça faisait penser à du caramel.
Le limon
finit par constituer des amas
qui formèrent peu à peu
des figures diverses.
A ce moment l'hélico fut
chassé vers le mur de brouillard
et je dus bagarrer pour
m'opposer à la dérive.
Quand j'ai regardé
de nouveau en bas,
il y avait comme
une espèce de jardin.
Un jardin?
Je demande toute votre attention.
Oui. Avec des arbres, des haies,
des acacias, des allées.
Tout ça paraissait fait
de cette matière.
Mais ces arbres, cette végétation,
portaient-ils des feuilles?
Ces buissons, ces acacias?
Non. J'ai pensé à des moulages
de plâtre grandeur nature.
14:23
Ensuite tout ça s'est mis
à se fendre, à partir en morceaux,
la vase jaune
s'écoulait des fissures,
le bouillonnement s'est intensifié,
la surface s'est couverte d'écume.
Mais vous en jugerez par vous-même.
Tout ce que j'ai vu devrait
avoir été filmé par la caméra.
Dans ce cas,
je propose de nous arrêter là
et de voir tout ça
de nos propres yeux.
Passez-nous voir votre film.
Ça devient intéressant.
C'est tout?
- Comment, c'est tout?
- Oui, tout le film.
Mais nous n'avons rien vu...
Des nuages, rien de plus.
Pourquoi vous n'avez filmé
que les nuages?
Je suppose que c'est
le brouillard dont je vous parle.
Je suis le premier surpris.
Ce pourrait être un effet de
l'action sur la conscience de Burton
des biocourants de l'Océan
de Solaris. Nous savons à présent
qu'il s'agit d'un cerveau géant,
d'une substance
paraissant capable de penser.
L'hypothèse n'a pas été confirmée.
Vous n'étiez pas
souffrant ce jour-là?
17:19
La séquence qui suit
est assez incohérente.
Tenez, à partir de là.
J'ai aperçu un objet qui flottait.
J'ai d'abord cru que c'était
la combinaison de Fechner.
De plus, par sa forme
il ressemblait à un homme.
J'ai viré de bord pour la garder
dans mon champ de vision.
Et là, l'objet s'est à demi soulevé,
comme s'il flottait sur le liquide,
immergé jusqu'au ventre.
C'était un être humain, il n'avait
pas la combinaison et il avançait...
- Un être humain?
- Oui, un être humain.
Et vous avez pu
distinguer son visage?
Oui.
Un homme comment?
Qui était-ce?
C'était un enfant.
Vous le connaissiez?
Je ne l'ai jamais vu.
Je me suis rapproché au maximum,
et là j'ai senti que
quelque chose n'allait pas.
C'est-à-dire?
Il m'a fallu un certain temps
pour comprendre.
Un enfant, mais très grand,
énorme...
19:00
Au moins quatre mètres.
Des yeux bleus,
des cheveux noirs.
Dites, vous avez
un malaise peut-être?
Nous allons remettre
la séance à plus tard.
Non. Je poursuis.
L'enfant était complètement nu,
comme un nouveau-né.
Et tout mouillé,
ou plutôt suintant.
Toute sa peau luisait.
Je le voyais danser à la surface,
à la manière d'un bouchon,
et avancer quand même, comme s'il
avait un but. Le spectacle m'a écoeuré.
Permettez,
je passe la suite.
Il n'en reste plus beaucoup.
Ce que rapporte Burton
semblerait être le produit
d'un syndrome hallucinatoire
dû à certaines composantes
de l'atmosphère de la planète.
Symptômes patents d'obscurcissement
de la conscience consécutifs à une
vive irritation de la zone associative
de la substance corticale.
Rien du matériel filmé ne semblerait
corroborer vraiment
ses déclarations. Ou presque rien.
Il est grand, ce "presque"?
Je n'ai pas encore fini.
20:37
Le docteur Messenger déclare
ne pas partager du tout
cette opinion. Selon lui,
ce que rapporte Burton
a toutes les chances
de correspondre à un phénomène
réellement observé.
Et doit en conséquence être analysé
avec toute la rigueur nécessaire.
C'est tout.
Oui, j'affirme que je l'ai vu
comme je vous vois.
En effet, et je le répète:
nous sommes vraisemblablement au
seuil d'une formidable découverte,
et je ne voudrais pas
que la discussion soit influencée
par le fait qu'elle
concerne un phénomène observé par
un pilote et non par un chercheur.
Des chercheurs, j'en sais certains
qui auraient motif à l'envier,
et pour sa présence d'esprit,
et pour son talent d'observateur.
J'ajouterais qu'à la lumière
des dernières révélations,
nous n'avons plus le droit,
en termes d'éthique,
d'arrêter nos recherches.
Je comprends la position
du docteur Messenger,
mais retournons-nous un instant
sur le chemin parcouru.
A l'évidence, la solaristique
piétine au point même
d'où elle est partie.
21:51
Les travaux de ces dernières années
n'ont rien apporté de nouveau.
Notre savoir actuel sur Solaris
a l'allure d'un fourre-tout
de faits disparates qu'il nous
est impossible d'intégrer
dans une conception cohérente.
Nous sommes dans
une situation identique.
La solaristique bat de l'aile.
Attention, il s'agit de choses allant
bien au-delà de notre science.
Il s'agit en réalité des limites
de la connaissance humaine.
Si nous nous mettons
à lui fixer des limites arbitraires,
c'en est fini du postulat
de la pensée au potentiel infini,
nous freinons la marche en avant
et par là-même,
contribuons au recul.
Je répète encore
une fois la question.
Qu'on m'explique
ce que ça signifie,
"presque rien ne vient
corroborer mes observations"?
Puisque ce que je vous dis
je l'ai vu de mes propres yeux.
Cela signifie qu'il reste possible
qu'un phénomène réel
eût été à l'origine
de vos hallucinations.
Chez nous, quand le vent
souffle, une broussaille agitée
23:06
peut aisément être prise
pour un être vivant.
Alors, quand il s'agit
d'une planète inexplorée...
Je ne vois là rien d'offensant pour
votre amour-propre de professionnel.
Et l'avis personnel du docteur
Messenger aura-t-il des conséquences?
Mais pratiquement aucune.
Notre conclusion:
il est grand temps
d'abandonner ces recherches.
Dans ce cas, je tiens à déclarer ceci:
ce n'est pas moi que le Staff offense,
c'est tout l'esprit
de l'expédition...
C'est pourquoi j'estime
de mon devoir de déclarer...
Ça a continué dans ce goût-là.
A présent, on considère de bon ton
de se tenir les côtes dès qu'il
est question du rapport Burton.
Merci, Burton.
Nous qui nous connaissons depuis
longtemps, j'ignorais tout de vous.
Vous étiez très beau gars.
Pas possible?
Vous êtes gentille.
Excuse-moi.
Eh bien, Kris?
Tes impressions?
J'aurais voulu parler
à ton fils sans témoins.
Ça m'ennuierait de passer à tes yeux
pour un crétin, une fois de plus.
Je vous attends
près de la balançoire.
24:43
Un peu toqué, ton copain...
Ne dis pas ça.
Il se sent assez mal
à l'aise comme cela.
Il croit qu'il nous gêne, le jour
où nous nous disons adieu.
S'il a insisté pour
venir quand même,
la question doit être
d'importance.
Certes, j'avoue que je m'eusse
passé de visiteurs aujourd'hui.
Nous avons si rarement
l'occasion de nous parler.
Heureux de te l'entendre dire.
Même si c'est le dernier jour.
Le dernier jour...
Quand on en fait un cérémonial,
on le ressent après
comme un malaise.
Bon, on remet
ça à après le repas.
Nous avons des choses à nous dire.
Quelle idée de recevoir ce Burton
un jour comme celui-là...
Où vont coucher nos invités?
A l'étage, je pense.
Mon rendez-vous
de la balançoire...
- Mais peut-être que...
- Un instant.
Mais attends donc
avec ta chambre!
Ecoute une seconde, Kris.
Voyons, qu'y a-t-il?
Là-bas, dans le garage...
26:54
- Qui c'est qui regarde?
- C'est un cheval.
- Non, je l'ai déjà vu...
- Viens, viens.
Il est gentil. Regarde
comme il est beau...
Vous devez me comprendre.
Pour moi, si la solaristique
est aujourd'hui dans l'impasse
c'est à cause des excès de certaines
imaginations irresponsables.
Moi c'est la vérité
qui m'intéresse,
et vous, vous voulez me faire
épouser vos vues personnelles.
Je n'ai pas le droit de m'en remettre
à des impulsions affectives.
Je ne suis pas poète.
Ma mission est très concrète:
Ou bien cesser toutes les recherches
et retirer la station de son orbite,
ce qui mettrait officiellement
le point final à toute cette aventure.
Ou alors, prendre des
mesures extrêmes,
soumettre l'Océan
à un rayonnement dur.
- Tout ce que vous voulez, mais pas ça!
- Pourquoi?
Ne me demandez-vous pas
de continuer à n'importe quel prix?
Et détruire ce que
nous ne sommes pas
encore fichus de comprendre?
Ne faites pas de moi un partisan
du savoir quel qu'en soit le prix.
La connaissance n'a de valeur
que si elle s'appuie sur l'éthique.
Vous savez, c'est une chose
qui ne dépend que de l'homme.
28:17
Souvenez-vous d'Hiroshima.
Justement! Abstenez-vous de faire
cette science-là. Etrange, quand même...
Je ne vois rien d'étrange.
Vous-même, vous ne me paraissez pas
très sûr que ce que vous avancez
n'était pas une hallucination.
Je vous remercie. Je crois que
nous n'avons plus rien à nous dire.
- Qu'y a-t-il?
- Rien. Je m'en vais!
Tu t'en vas où?
En fait de savant
c'est un comptable.
Nous sommes de vieux amis, mais
ne parles pas de mon fils en ces termes.
On se connaît depuis vingt ans.
Un jour ou l'autre
ça devait arriver.
Et le petit,
tu nous le laisses?
Pourquoi l'as-tu ulcéré?
Tu es trop dur. Des hommes comme toi,
il ne faut pas les envoyer dans l'Espace.
Tout est si fragile, là-bas...
La Terre s'en accommode
tant bien que mal,
quoique cela lui ait déjà
coûté pas mal de victimes.
Serais-tu jaloux des fois, parce que
c'est lui qui m'enterreras et pas toi?
Il fut établi
que l'Océan qui constitue Solaris
a tout d'un immense cerveau.
Puis on poussa l'hypothèse
jusqu'à admettre que l'Océan serait
une substance pensante bel et bien.
30:07
Il y a pourtant des années
que rien de décisif
ne vient le confirmer.
Ils parlent de Solaris.
Les rangs des tenants de cette
idée se sont fortement clairsemés.
C'est avant tout le personnel dont
le sort est lié à la station.
Des 85 hommes qui travaillaient
en orbite, il n'en reste que 3.
Ce sont l'astrobiologiste Sartorius,
le cybernéticien Snaut
et le physiologiste Guibarian,
lequel s'occupe du problème...
J'appelle de la ville.
Anna, laisse-moi,
nous avons à parler.
Oui, cette conversation idiote
avec Kris, je ne lui ai pas dit
le principal: Messenger,
son intervention à la Commission.
Il s'est intéressé à Fechner,
le pilote qui a péri dans l'Océan.
Il a su qu'il laissait un nourrisson
et ne vivait plus avec sa femme.
Avec Messenger nous sommes
allés rendre visite à la veuve.
Et j'ai pu voir le petit.
Tu ne m'en as jamais parlé.
Ça ne m'était pas venu à l'idée.
31:34
Bon. Et alors?
C'était la copie
exacte du baigneur
que j'ai vu sur Solaris.
Sauf qu'il ne faisait pas
quatre mètres.
Il ne doit pas penser à tout ça
à quelques heures du départ.
Là-bas, par contre,
ça lui fera des souvenirs.
Pourquoi garder ces paperasses.
J'ai dans ma chambre
toutes celles auxquelles je tiens.
Mes travaux de l'Ecole, un cours...
Comment ça a pu se conserver?
S'il t'arrive quelque chose,
je veillerai à ce qu'on s'en occupe.
On y pensera.
Ne cherche pas le film
avec le feu de bois.
Je l'ai déjà pris.
Oui, bien sûr...
- Prêt, Kelvin?
- Prêt!
Tu n'as à t'inquiéter de rien!
Fais un bon voyage!
- Quand le départ?
- Tu es déjà en route.
Station Solaris!
Faites quelque chose!
Je crois que je suis déstabilisé.
Ici Kelvin. Réception.
Où êtes-vous tous?
Vous avez de la visite!
Docteur Snaut?
45:58
Snaut?
Je suis Kelvin, psychologue.
A ce que je vois
vous ne m'attendiez pas.
Vous avez reçu le radiogramme?
Oui, on l'a reçu.
Bien sûr.
Allons, qu'avez-vous?
Pardon...
Pardon...
Où est Guibarian? Et Sartorius?
Sartorius est dans son labo.
Guibarian est mort.
Comment ça, mort?
Suicidé...
Mais...
Je connaissais Guibarian,
je ne peux pas imaginer...
Une profonde dépression.
Ça datait du début de ces choses...
Reposez-vous,
allez prendre un bain. Occupez
la chambre qu'il vous plaira.
Je vous attends dans une heure.
J'aurais voulu voir
aussi Guibarian...
Je veux dire Sartorius.
Je pense qu'il ne vous ouvrira pas.
Il est dans son labo.
Bon,
je vois bien qu'il se passe
quelque chose de très grave ici...
Docteur Kelvin...
Vous comprenez... Non.
Revenez dans une heure.
48:14
Allez vous reposer.
Nous sommes de nouveau trois.
Avec Sartorius.
Lui et moi, vous nous
avez vus en photo.
Si vous voyez des choses bizarres,
qui ne soient ni moi, ni Sartorius,
essayez de garder
votre sang-froid.
- Qu'est-ce que je verrai?
- Le sais-je.
Tout dépend de vous.
- Des hallucinations?
- Non...
Mais n'oubliez pas un instant...
- Je ne comprends pas.
- Nous ne sommes pas sur la Terre.
Venez plutôt me voir
ce soir, cette nuit.
Ou non, il vaut mieux demain matin!
A.GUIBARIAN
HOMME
POUR K.KELVIN
Bonjour, Kris.
Il me reste un peu de temps
et il faut que je t'informe
de certaines choses...
Et d'abord je dois t'avertir que...
Tu sais déjà ce qui m'est arrivé.
Si tu ne le sais pas,
Snaut ou Sartorius te le diront.
Ce qui
m'est arrivé
est d'ailleurs sans importance.
Ou plutôt je ne saurais
te le raconter.
52:16
Je crains que ce ne soit qu'un début,
cette histoire qui m'arrive ici...
Je ne l'aurais pas voulu,
mais la même chose peut
t'arriver, et aux autres aussi.
Sur cette planète, tout le monde
y est probablement exposé...
Ne crois surtout pas
que j'aie perdu la raison.
Chris, je suis sain d'esprit.
Tu me connais.
Si j'ai le temps de le faire,
je t'expliquerai la raison de mon geste.
Je te le dis pour que
si cela t'arrive,
tu dois savoir
que ce n'est pas de la démence.
Voilà le principal.
Pour ce qui concerne
la suite de nos travaux,
j'aurai opté pour
la proposition de Sartorius.
Il faut bombarder le plasma
de l'Océan aux rayons durs.
La Commission nous l'interdit,
mais je ne vois pas
d'autre solution.
Vous ne ferez que vous
enfoncer davantage dans l'impasse.
Le seul moyen il se peut
de faire repartir les recherches.
L'unique chance d'entrer
en contact avec ce monstre.
53:39
Je ne vois rien d'autre.
Ah, si...
Docteur Sartorius, c'est Kelvin!
J'arrive il y a
deux heures à peine.
Comprenez-moi, je tombe ici
comme un cheveu sur la soupe.
Si vous n'ouvrez pas,
je défonce la porte!
C'est bon.
Mais vous n'entrez pas.
Je sors dans le hall.
Je m'appelle Kelvin.
Vous me connaissez
par mes travaux.
J'étais en équipe
avec Guibarian.
Je vous écoute.
J'apprends que Guibarian...
qu'il n'est plus.
Par conséquent vous êtes
au courant de cette histoire.
Une histoire tragique.
Je n'en sais pas grand chose,
mais il est mort...
La chose peu arriver
à n'importe qui d'entre nous.
C'est cependant sur la Terre
qu'il nous a demandé de l'ensevelir.
Est-ce que l'Espace est
une mauvaise tombe pour lui?
Il a voulu retourner à notre terreau
et à nos bons vieux vers.
Je voulais l'ignorer,
mais Snaut a insisté.
- Burton. Ce nom vous dit?
- Le pilote qui...
Tenta de retrouver Fechner.
Fechner a fait une mort superbe,
Guibarian, lui a eu la trouille.
58:18
Evitons de lui jeter la pierre,
maintenant qu'il n'est plus.
Dans la situation présente
c'est le devoir de vérité qui prime.
- Devant qui?
- La vérité.
Vous ne la cherchez pas
au bon endroit... Tenez.
Votre pose est ridicule!
Ce que vous pensez être du courage
est parfaitement inhumain. Vous...
Allez-vous-en.
Vous êtes un émotif.
Il faudra vous habituer.
Tous mes souhaits.
Je viens de voir Sartorius.
Un type inquiétant, à mon avis.
C'est un chercheur remarquable.
J'avoue que
je ne me sens pas
dans mon assiette.
Vous êtes en pleine forme, mais
n'écoutez pas ce qu'on vous dit.
Snaut,
hormis nous 3, il y aurait quelqu'un
d'autre à bord de la station?
Vous avez vu?
Vous m'aviez averti...
contre quoi?
- Qui avez-vous vu?
- Un être humain?
Est-elle réelle?
Vous pouvez la toucher,
la pincer?
Oui?
Quand l'avez-vous vue
pour la dernière fois? Aujourd'hui?
Et toi, tu es qui?
01:02:52
Moins fort...
- Comment est-elle arrivée ici?
- Laisse-moi tranquille!
Tu as peur...
Ne t'inquiète pas,
je ne te prends pas pour un fou.
Un fou! Mon Dieu,
tu ignores donc tout...
La folie
serait une délivrance!
Mais écoute, Snaut...
La situation est absurde.
Ils ne me croiront jamais.
Ils pensent que je suis devenu fou.
C'est une chose insensée,
mais je dois le faire.
Snaut et Sartorius,
ils vont venir...
Ils ne comprennent pas où
ils en sont. J'ai peur, Kris!
Je ne peux pas...
Personne ne pourra le comprendre...
Guibarian, ouvre!
Cesse de faire l'imbécile!
C'est nous, Snaut et Sartorius!
Nous voulons t'aider!
Ils veulent m'aider.
Un instant.
Cessez de cogner!
Je sais ce que je fais.
Alors tu l'as vue aussi?
Dis-toi bien que
ce n'est pas de la démence.
Ça participerait plutôt
de la mauvaise conscience.
Si tu savais comme
je t'ai attendu...
01:10:51
D'où viens-tu...
Comme on est bien!
Mais ce n'est pas...
Comment as-tu su
que je suis ici?
Quoi, comment?
Non, Kris, tu me chatouilles!
Où sont donc mes souliers?
Non... pas là.
Qui est-ce?
Kris, c'est moi...
Sais-tu que...
C'est drôle, l'impression
d'avoir oublié quelque chose.
Je n'arrive pas à comprendre...
Tu m'aimes, n'est-ce pas?
Pourquoi me poser cette question?
Comme si tu ne le savais pas.
Je sors un instant.
Attends-moi ici.
- Je vais avec toi.
- Un instant, je te dis.
Non.
Mais pourquoi?
Je ne sais pas...
Je ne peux pas...
Qu'est-ce que tu ne peux pas?
Je crois que
je dois toujours te voir...
Ne te conduis pas comme un enfant.
J'ai mon travail à faire, Harey!
Je me conduis comme une idiote.
Et toi aussi,
une pelote de nerfs...
On dirait Snaut.
- On dirait qui?
- On dirait Snaut.
01:14:21
Snaut?
Mais enfin,
d'où est-ce que tu le?..
Bon, il faut que j'y aille!
Viens, si tu y tiens tant.
Comment veux-tu passer
la combinaison avec ta robe...
Veux-tu m'aider à la défaire.
Pourquoi me regardes-tu comme ça?
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